Baromètre DKV 2017 - Les Belges et les soins de santé, entre méconnaissance et attentisme
Avec 18% à payer de leur poche[2], les Belges sont les champions d’Europe occidentale en matière de quote-part personnelle relative aux soins prodigués en dehors d’une hospitalisation[3]. Si 82% d’entre eux ont souscrit à une assurance hospitalisation[4], dont l’image est associée à des traitements lourds et inquiétants, nous estimons que seulement 5% disposent d’une couverture complémentaire pour les frais ambulatoires et dentaires malgré l’impact non négligeable à terme sur leur budget. DKV, leader belge des assurances soins de santé privées a voulu comprendre pourquoi.
Optimistes, conscients mais attentistes
Les Belges sont optimistes quant à leur santé et à l’évolution de la qualité des soins mais ils s’inquiètent, à juste titre, de l’impact que cela aura sur leur budget. En effet, 68 % des Belges interrogés par DKV ont un avis positif sur la qualité et les progrès technologiques en matière de soins de santé. Toutefois, 75 % des Belges imaginent devoir débourser plus à l’avenir. En effet, ils s’attendent à une diminution de l’intervention de l’Etat et à l’élaboration de nouvelles technologies plus performantes mais souvent peu prises en charge par l’assurance maladie légale.
Paradoxalement, cette inquiétude ne se traduit pas par des mesures concrètes puisque 70 % déclarent qu’ils ne prévoient pas pour autant de s’assurer davantage pour les soins dentaires ou ambulatoires. Une vision à court terme aux conséquences importantes sur le budget des ménages qui attendent souvent que la maladie soit avérée pour s’en préoccuper, alors qu’il est généralement trop tard pour une couverture optimale.
Champion d’Europe de l’out of pocket, le Belge a adopté l’assurance hospitalisation, mais pas celles pour les soins dentaires et ambulatoires
Le budget des soins de santé est sous pression. D’un côté, l’essor des technologies de pointe, qui permet de traiter toujours plus de maladies. De l’autre côté, une évolution démographique accompagnée de son lot de maladies chroniques telles que les maux de dos, les rhumatismes, etc. Tout cela accroît les coûts, tant pour le citoyen belge que pour l’État.
En conséquence, après intervention de la sécurité sociale et autres assurances complémentaires, les Belges doivent encore débourser de leur poche 18 % des frais médicaux, soit bien plus que dans les autres pays d’Europe occidentale. En France par exemple, ce pourcentage s’élève à 7 %. La raison ? Les Français sont bien assurés pour les soins dentaires et ambulatoires. Dans ce domaine, la Belgique accuse un retard important. Par ailleurs, 30 % des Belges ne savent pas vraiment ce que l’assurance maladie légale rembourse ou non.
Quelques chiffres éloquents de ce que les Belges paient de leur poche :
- 5,3 milliards d’euros par an pour les soins dentaires et ambulatoires, dont :
- 711 millions d’euros pour les soins dentaires (= 43 % des dépenses totales dédiées aux soins dentaires).
- 1,8 milliard d’euros pour les produits pharmaceutiques (= 38 % des dépenses totales consacrées aux médicaments).
- 1,6 milliard d’euros pour les consultations médicales (= 24 % des dépenses totales en consultations médicales).
- 62 millions pour les appareils auditifs (= 95 % de l’ensemble des dépenses pour ce poste).
- 368 millions pour les lunettes (= 95 % des dépenses totales dédiées aux lunettes).
- A titre de comparaison, le fait que 82% des Belges disposent d’une assurance hospitalisation permet de réduire la quote-part personnelle à seulement 2% de l’ensemble des frais d’hospitalisation, soit 277 millions d’euros par an.
Seuls 5% des Belges disposent d’une couverture complémentaire pour les soins dentaires et ambulatoires, comme les visites chez le médecin généraliste, le pédiatre, le kiné, le cardiologue, ou encore les médicaments. Pourtant, de plus en plus de traitements se font en dehors des hôpitaux
-notamment grâce aux évolutions médicales-, engendrant de nouveaux frais pour les Belges.
Selon Herman Konings, trendwatcher et psychosociologue, cette différence tient au fait qu’une assurance hospitalisation est envisagée différemment d’une assurance soins dentaires ou ambulatoires. « L’hospitalisation est liée à l’émotionnel. Un problème ou une maladie qui requiert une opération, c’est inquiétant. Les soins dentaires et soins ambulatoires, au contraire, sont plutôt vus comme quelque chose de trivial. Quelque chose auquel on n’a pas réellement besoin de s’attarder. La décision de souscrire une telle assurance complémentaire est alors très vite remise à plus tard. »
Une méconnaissance des assurances soins de santé complémentaires
Pourquoi si peu de Belges disposent-ils d’une assurance complémentaire ? 50% des personnes interrogées par DKV déclarent ne pas en avoir besoin, voire même, avoue ne jamais s’être posé la question. 8 personnes sur 10 disent n’avoir aucune crainte pensant être suffisamment couvertes par l’assurance hospitalisation. 40% ne savent pas quels frais sont couverts par une assurance dentaire.
Cette insouciance est responsable du manque d’intérêt pour les assurances complémentaires, en particulier chez les jeunes. Ils sont bel et bien conscients de l’importance de bénéficier de soins de santé appropriés, mais ne se sentent généralement pas encore concernés.
« La Belgique dispose d’une des meilleures médecines du monde, mais celle-ci a un coût ; un coût qui devrait encore augmenter en raison de la poussée des maladies chroniques, du développement de nouvelles technologies coûteuses et de l’allongement de la durée de vie. Cela accroît dès lors la pression sur le budget des ménages. En particulier alors que de plus en plus de traitements et de consultations ont lieu hors des murs de l’hôpital. Cette enquête nous démontre l’importance et la difficulté de conscientiser les Belges à se prémunir dès à présent, même s’ils sont en bonne santé, de frais médicaux qui pourraient, à terme, s’avérer très lourds » déclare Emmanuel de Talhouët, Administrateur délégué de DKV.
[1] Une enquête réalisée pour DKV par Ipsos auprès d’un échantillon représentatif de 1.000 Belges interrogés en mars dernier
[2] OECD Health Statistics 2017 (chiffres pour l’année 2015)
[3] Les traitements effectués en dehors du contexte d’une hospitalisation, tels qu’une consultation chez un médecin traitant ou un spécialiste, la kinésithérapie, etc.
[4] OECD Health Statistics 2017 (chiffres pour l’année 2015) & étude Assuralia.be